Deux ans maintenant que la pandémie a donné un coup d’arrêt brutal à la formation présentielle. Branle-bas de combat : il a fallu tout digitaliser, et la classe virtuelle et l’e-learning ont semblé devoir avaler tous les autres formats de formation… À nuancer !
Un début de rébellion serait-il dans l’air ?
On observe depuis peu que des apprenants, des services formation et, on ne s’en étonnera pas, des formateurs veulent échapper à cette fatalité du tout digital.
De quoi se plaignent-ils ?
Des apprenants constatent qu’on leur a livré pendant deux ans des « produits » de mauvaise qualité ; un document Word ou Pdf d’une certaine durée aurait certes été plus plaisant à consulter en format papier dans son salon devant un thé ou un café que sur un écran 15 pouces agrémenté de commentaires ânonnants.
La plupart des services formation s'aperçoivent que les collaborateurs de l’entreprise ont un besoin, charnel et intellectuel, du contact et de l’échange qui n’est véritablement possible que dans le cadre d’un cours présentiel d’une durée suffisante (un jour) pour laisser aux sympathies le temps de se nouer.
Les formateurs se plaignent des applications de meeting dont l’usage a explosé pendant cette période, et qui n’ont qu’un lointain rapport avec ce qu’on attend d’applications de formation dignes de ce nom… sans épiloguer sur les formateurs qui ont été contraints de transformer en catastrophe un cours présentiel d’une durée de 7 heures… en classe virtuelle de même durée !
Une approche blended learning rénovée
La tendance émerge d’un retour de balancier avec un retour en grâce de la formation présentielle, qui n’est pas sans nourrir une question : une approche « blended learning » rénovée ne permettrait-elle pas de dépasser ces va-et-vient entre digital learning et présentiel ?
Question à tiroir : Que peuvent mutuellement s’apporter le présentiel et le distanciel ? Le cours en salle (son ingénierie, ses activités pédagogiques, son animation) peut-il inspirer les contenus e-learning et les parcours blended learning ? Réciproquement, quelles leçons le cours présentiel peut-il tirer du digital learning et de ses pratiques, notamment celles apparues récemment ?
Deux success stories, pour montrer que présentiel et distanciel s’inspirent mutuellement
Deux retours d’expérience peuvent aider dans la réponse à ces questions.
Former à l’actualité fiscale 1500 conseillers bancaires…
Un défi, car ces conseillers, qui n’avaient pas été formés en la matière depuis deux ans, avaient vu une tentative de cours en salle pulvérisée par la 4ᵉ vague de la pandémie. D’où la nécessité d’une solution distancielle de substitution, avec cette réflexion préalable : comment mobiliser les moyens et outils pédagogiques qui auraient été utilisés en présentiel, mais sous un format numérique :
- Remplacement des cas concrets et des présentations au « format papier » par une séquence animée 3D comme point de départ du thème à étudier (doublée d’une version papier sous forme d’une planche de BD) ;
- Apports de l’animateur utilisant le cas échéant un paper board numérique ; questions sous forme de sondages ; exercices interactifs sur une documentation reçue à l’avance avec réponses communes par sondages ; projection de petites séquences animées d’apports de connaissances ; partage autour de questions x réponses après chaque séquence.
Quant à la forme, pour éviter que les apprenants s’abîment dans la contemplation en contre-plongée de l’appendice nasal du formateur nimbé d’une lumière blafarde, une Web TV s’est rapidement imposée : un décor, un éclairage professionnel, trois caméras permettant à l’animateur d’être assis ou debout, et un réalisateur. L’apprenant doit avoir l’impression de regarder le film tourné pendant une formation présentielle.
Former des conseillers patrimoniaux à la location meublée…
Une contrainte (légitime et compréhensible) fixée par le service formation de l’entreprise client : une formation présentielle qui évite les travers de l’habituel défilé de planches Powerpoint.
Principe retenu : un dispositif permettant de construire et de valider en présentiel toutes les briques de ce qui deviendrait ensuite un serious game :
- La formation est conçue sur un storytelling ;
- Comme dans l’exemple précédent, dérouler les conversations sur tous les thèmes abordés successivement entre les clients, leur expert-comptable, leur banquier, leur conseiller patrimonial, le promoteur immobilier sous la forme de séquences animées 3D. Ces conversations sont projetées et font l’objet de discussions en sous-groupes avec validation en plénière ;
- Utilisation de modèles d’actes issus de programmes réels (contrat de réservation, bail commercial…) et revues sous forme de questions dont les réponses sont projetées sur écran ; usage de simulations fiscales à l’aide de logiciels adaptés (ce qui pouvait aussi être réalisé en présentiel), dans un format court pouvant être joué en classe virtuelle ou dans un module e-learning ;
- Apports de connaissances via des séquences d'e-learning tutoré de 2 à 3 minutes (utilisation d’un « motion design » enrichi) ;
- La séquence présentielle permettant d’analyser les réactions des apprenants sur chaque matériau pédagogique proposé et d’en déduire la réplication possible en formation distancielle.
CQFD
Ces projets réussis montrent que présentiel et distanciel ne s’opposent pas. Au contraire, sous réserve de maîtriser les fondamentaux de la pédagogie présentielle, les techniques de l’image et du son ainsi que les outils de la formation digitale, les deux se répondent et s’enrichissent en permanence au service de solutions de formation dont les résultats - niveau de satisfaction des apprenants, impact opérationnel sur les métiers, optimisation des coûts - sont exceptionnels.
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